LE MARQUIS DE POMBAL, PÈRE DE L'APPELLATION PORTO
Le marquis de Pombal, un des plus fameux hommes politiques de l’histoire du Portugal
Sebastião José de Carvalho e Melo, comte d'Oeiras et marquis de Pombal (1699-1782) est l'un des hommes politiques les plus importants de toute l'histoire du Portugal.
Le Porto a la plus ancienne appellation d’origine contrôlée au monde! Crée en 1756 par le marquis de Pombal !
Le marquis de Pombal est à l’origine de la réglementation de la production des vins du Douro, région de production du porto, il est aussi le père de la plus ancienne appellation d’origine contrôlée au monde, sa création datant de 1756.
La délimitation de la région apparaît alors comme nécessaire pour diverses raisons, la plus importante étant la nécessité de garantir la qualité des portos qui y sont produits à cette époque pour être exportés vers l’Angleterre, en échange de la morue que les Anglais pêchaient et salaient sur leurs côtes. D’autre part, il était nécessaire de stabiliser la région en équilibrant les forces en jeu (producteurs, négociants, exportateurs) et en garantissant un produit aux caractéristiques bien définies, en éliminant les frelatages si classiques à cette époque.
Délimitation de la région de production, sélection des terroirs, contrôle des prix et de la qualité des vins du Douro
Pour délimiter de la région du Douro, il est curieux d’observer que l’omnipotent marquis de Pombal qui avait expulsé les jésuites du Portugal, ait désigné pour cette tâche nul autre que le frère João Mansilha. Ce moine, lui-même fils de la terre du Douro, est devenu au sein de la Compagnie royale des vins du Haut-Douro l’homme le plus puissant de la région après le marquis de Pombal.. Il avait notamment le pouvoir de fixer les prix, de protéger l’authenticité du produit, d’augmenter les impôts et d’accorder aux tavernes de Porto des autorisations pour vendre le porto. À titre de curiosité, soulignons que le frère João Mansilha est devenu le confesseur du marquis de Pombal ...
La Compagnie royale des vins du Haut-Douro. a d’abord identifié physiquement – avec d’énormes poteaux de granit - la région dans laquelle le porto pouvait être produit. A l’intérieur de la zone ainsi définie, elle a ensuite recensé les propriétés et distingué celles qui ne pouvaient produire que des vins rouges de celles qui pouvaient produire des portos. Seules les propriétés bénéficiant des meilleurs terroirs ont été autorisées à produire des portos.
Révolte et pendaisons suite à la hausse des prix
Pour mettre fin aux mauvaises pratiques et au frelatage des portos, le marquis de Pombal a ordonné que tous les vignobles produisant du porto soient enregistrés et que des quotas de production leur soient attribués. Il a également ordonné d’arracher tous les sureaux (dont le jus servait parfois à frelater les vins) et s’est réservé l’exclusivité de la vente d’eau-de-vie, dont il fixait le prix.
La création de la Compagnie, comme on l’appelait alors, et la sévérité des mesures qu’elles a prises ont suscité à l’époque une énorme controverse. Le 23 février 1757 le peuple est descendu dans les rues de Porto pour protester contre la hausse des prix du porto décidée par la Compagnie. Cette manifestation a dégénéré en révolte. Plus d’une vingtaine de personnes ont été pendues, plus de 400 emprisonnées et plus d’une centaine expulsées du Comté.
Un homme aux expériences multiples
Lorsqu’on revient sur la vie du marquis de Pombal, on comprend mieux la modernité des décisions qu’il a prises dans l’univers des vins de Porto. Pourtant rien ne le prédisposait à cette fabuleuse destinée.
Issu de la petite noblesse provinciale, il a d’abord fait des études de droit à l’université de Coimbra puis servi quelques temps dans l’armée. Il se marie une première fois avec une veuve de dix ans son ainée, fille du comte d’Arcos, lequel l’introduit à la cour royale. Quand il se brouille avec sa belle-famille, il s’installe dans sa propriété près de Pombal qu’il gère pendant une quinzaine d’années.
C’est alors qu’il entre vraiment en politique. Le premier ministre de l’époque, Joao da Mota e Silva, qu’il avait connu grâce à son oncle, le nomme ambassadeur à Londres en 1738. C'est à Londres, au contact d’une société ouverte et libérale, qu'il va concevoir les idées et les plans qu'il appliquera plus tard au Portugal. L’exemple de le Compagnie britannique des Indes Orientales qui, pour se développer, bénéficiait d’un monopole, lui donne l’idée d’une transposition au Portugal. A Londres il découvre également la franc-maçonnerie et ses idées progressistes. Il semblerait que, de retour au Portugal, il en ait plus tard rejoint les rangs. Jusqu’à sa chute en 1777 il a protégé les loges portugaises.
En 1745 il est nommé ambassadeur en Autriche où il fait la connaissance de Leonor Daun, issue d’une grande famille autrichienne, qu’il épouse en secondes noces alors qu’il est âgé de 46 ans. De cette union naîtront cinq enfants.
Le marquis de Pombal a aussi reconstruit et modernisé le pays
En 1748 le marquis de Pombal quitte l’Autriche et revient au Portugal. Le nouveau roi José 1er le nomme Ministre des Affaires Etrangères en 1750 puis Premier Ministre en 1755. Cette année fut celle d’un terrible tremblement de terre qui ravagea Lisbonne, détruisant Pratiquement toute la ville et faisant 60 000 morts.
Le marquis de Pombal a reconstruit la ville mais il a également profité de cette “opportunité” pour réorganiser de royaume et faire du Portugal un état moderne, notamment en muselant ses opposants de la noblesse et les Jésuites, et en interdisant l’esclavage un peu plus tard. Au plan économique il organise la colonisation du Brésil et crée de nombreux monopoles dont en 1756 la Compagnie royale des vins du Haut-Douro pour réglementer la production du porto.
Avec le recul du temps nous pouvons constater que les mesures voulues par le marquis de Pombal ont été très bien pensées et nécessaires à la création de l’appellation Porto. Elles ont permis de stabiliser la qualité des vins de Porto et de définir des règles claires pour son commerce. Sans ces mesures, nous ne pourrions pas apprécier aujourd’hui les Ruby, les Late Bottled Vintage, les Vintage et les Tawny qui apportent tant de joie à notre existence.
Le 14 décembre 2001, l’UNESCO a inscrit le Haut Douro viticole au patrimoine mondial de l'Humanité.